User:Olivier/Worksheet/Visit of François Ier

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Francis I of France traveled across Provence from December 1515 to February 1516. He was in Tarascon from February 2 to February 3, 1516.


Le voyage des reines et de François 1er en Provence et dans la vallée du Rhône (décembre 1515-février 1516)
Note: full part of the text mentioning Tarascon below (see References for source). The text, published in 1904, is in the public domain.
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En partant d'Amboise, le 20 octobre 1515, la reine-mère, Louise de Savoie, et la femme de François Ier, la reine Claude de France, avaient décidé d'aller à la rencontre du vainqueur de Marignan et de se diriger vers la Provence où les attirai un voeu qu'elles avaient fait à sainte Marie-Magdeleine, patronne de la Sainte-Baume. Après avoir séjourné près d'un Bioia à Lyon2*, elles quittèrent cette ville vers 1e milieu de décembre avec un* brillant ©ortègé3 : on y remarquait, outre

1. Nous devoes dea, rejnerpiements particuliers aux archivistes qui nous ont facilité les recherches dans les dépôts dont ils ont la garde : MM. L%*roix (Valence), Duhamel et L&bande (Avigpon), Foamier (Ma»* seffle^, Aude (Aix), Mourret (Tarascon), et aux personnes qui ont bien Voulu marquer l'intérêt Qu'elles prenaient à notre travail : MM. Noël Verney; Georges de Mongins-Roquefort; Bruguier-Roure (^ont-Saint-Esprit); Véran, arehiteete (ArleaX ^ .
2. Sur ce séjour, voir E. Baux, Louise de Savoie et Claude de France à Lyon : Étude sur la première régence (I5i5-15i6), dans la Revue d'histoire de Lyon, t. I, pp. 390-414, 447-464.
3. Nous ne trouvons une enumeration un peu détaillée des composait ce cortège que dans les documents relatifs au passage des princesses à Arles et a, Marseille; inais naus croyons que ceux que noue avons cités, notamment la duchesse d'Alençon, avaient quitté Lyon ea ?????? tem,ps. q*» li Régente eila rem» Clautde. jl coimept cependant de noter qu'aucun des documents dont nous avons pu prendre pour la fin de 1515 ne mentionne la présence à Lyon de la duchesse d'Alençon.

les membres du Conseil, dont un des ('principaux était Jacques de Beaune-Semblançay, la sur du roi, Marguerite, duchesse d'Alençon, les deux fils du roi de Navarre, Charles et Henri, que leur père avait laissés à la cour quelques mois etc. L'escorte devait, du reste, s'accroître en chemin des seigneurs accourus de leurs demeures au-devant des reines, ou revenus d'Italie avec François Ier. Quelque incertitude plane sur les premières étapes de ce voyage. Le 18 décembre 1515 *, les consuls de Lyon, pour détourner de leur ville le passage de la bande noire dont l'approche excitait la terreur, s'adressent à la Régente et envoient leur requête dans la direction de Grenoble, où ils supposent que devait être Louise de Savoie. Dans ce cas, les princesses auraient suivi la route la plus fréquentée, celle-là même qu'au mois de juillet précédent avait empruntée 1er, par Vienne, La Côte-Saint-André, Moirans et Louise de Savoie revint-elle au Rhône par la vallée de l'Isère après un crochet sur Grenoble, ou, ce que nous croi-r rioûs plus volontiers, sans pouvoir cependant l'affirmer, ne quitta-t elle pas, la vallée du Rhône? Nous n'avons rien trouvé dans les archives de Grenoble et de l'Isère qui puisse nous fixer à ce sujet. Nos renseignements ne deviennent qu'avec l'arrivée à Valence. Les princesses y étaient attendues. Le 16 novembre, sur le bruit que Louise de Savoie et Claude de France devaient faire un voyage dans le Midi, les consuls avaient décidé d'envoyer un personnage d'importance (mandari aliquem ex magis apparentibus) à Vienne ou même à Lyon, pour s'informer de ce qu'il fallait faire2. Une semaine.après, une commission composée des consuls et de quatre nobles personnages avait été chargée de faire tous les préparatifs nécessaires pour

1. Arch, de Lyon, BB 34, f 122. Délib. du 28 décembre 1515. Sur la bande noire, cf. Journal de Jean Barrillon, édition P. de Vaissière, I, 67 , et l'article cité ci-dessus, in fine.
2. Arch, de Valence, BB 4, f» 88 (Délib. des 16 et 22 novembre 1515).
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voir les reines selon les ressources" de la ville, sinon d'après le rang de ses hôtes (non quantum ???????, sed quantum potest). Nous ignorons l'accueil dont furent l'objet les d#ux souveraines; mais il est à croire qu'elles ne firent que passer dans la ville, sans l'appareil d'une entrée pompeuse, car nous n'en rencontrons aucune mention dans les archives de Valence, et d'autre part nous trouvons Louise de Savoie à Montélimar, le 20 décembre1. Là aussi leur séjour fut de courte durée, puisque le 21 décembre elles étaient au Pont- Saint-Esprit2, d'où elles continuèrent, sans tarder, leur voyage par Orange, Avignon et Tarascon.

Pour la première fois depuis leur départ de Lyon, les reines s'arrêtèrent quelques jours : outre le [[Église Sainte-Marthe de Tarascon|sanctuaire révéré de Sainte-Marthe à visiter, elles tenaient à passer à Tarascon les fêtes de Noël. Le 22 décembre, le conseilde la ville s'assemblait et élisait quatre conseillers pour rechercher l'avoine et le foin nécessaires aux équipages du cortège royal8. Le soir même, les souveraines arrivaient par eau4 dans la ville et y demeuraient jusqu'au lendemain de la Noël5. Biles en don douze images d'or représentant sainte Marthe, accompagnées de douze anneaux également d'or, d'une valeur

1. Catalogue des Actes de François I", n° 16077.
2. (Test ce qui paraît résulter d'une lettre de Louise de Savoie à de Rouen, datée du Pont-Saint-Esprit, 21 décembre 1515, et citée par l'abbé Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France, Jl, 4, note B. Au Sujet des routes qui ^venaient se croiser au Pont-SamtrÈsprit, consulter : L. Bruguier-Rourè, Notions générales sur la viguerie du PontjSaint-Espril, Avignon, 1886.
3. Arch, de Tarascpn, BB 12, f» 851.
4. Protocole de Jean de Podio, publié dans le Musée, fascicule 5, p. 16, et par L. Jacquemin, Monographie de l'amphithéâtre d'Anles, II, 807- -808. Bouche a confondu le voyage des, souveraines avec celui du Roi, fait arriver celui-ci d'Arles à Tarascon par eau, à son retour d'Italie. Il se trompé également lorsqu'il le fait débarquer à Toulon, Histoire chronologique de Provence, II, 521 et sqq.
5. Le 24 décembre, Louise de Savoie signait une lettre portant que Bernard de la Borie, lai, pourvu d'un office de conseiller clerc au 1de Bordeaux, et Guy dé Planis , pourvu d'un office de conseiller lai, échangeraient leurs offices {Catal. des Actes, n° 391). -La date de l'acte suivant n° 3&2 : Marseille, 26 décembre, est erronée ; le contexte prouve f iju'il faut lire : 26 janvier. , La même inexactitude se retrquve dans; t SjwMfct, Semblançay, p. 128, n. 3.
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de 205 florins 7 gros et demi, pour l'exécution desquelles le conseil paya à Me Nicolas Tabernier 5 florins et demi1. Le, 26 décembre, elles se mettaient en route pour Arles, saluées par les décharges d'artillerie de Tarascon, auxquelles s'associaient celles de Beaucaire 2. Le même jour, mercredi 26 décembre, elles entraient à Arles. La ville était pauvre; cependant, dès le 25 novembre, pour trouver de l'argent tout de suite et faire honneur à ses hôtes, le conseil avait décidé d'affermer à des citoyens d'Arles pour six ans le « paty du Contrast3 »^ Le 25 décembre, il ordonna « estre faict d'ymaiges d'or... jusques à la somme de cl écuz soleil ou environ, pour donner, non pas par de don, mays de souvenance, là où semblera à la ville de donner*». Les souveraines furent logées dans la maison de M.. d'Arlatan, sieur de Beaumont, qui avait été l'objet de ? réparations très importantes : le devant fut pavé à neuf et on y installa des verrières peintes par Claude Collet, pour lesquelles il fut payé 13 florins 1 gros5. Les frais de s'élevèrent à la somme totale de 117 florins 6 ,gros 8 deniers6; mais ils comprennent à la fois ceux dont le des reines fut la cause et ceux qu'occasionna le retour du Roi, le mois suivant. Nous avons peu de renseignements sur les occupations des souveraines à Arles durant leur séjour qui se prolongea jusqu'au samedi 29 décembre; nous savons seulement qu'elles s'y firent apporter des reliques, « les bras des Maries <de Notre -Dam e-de-la-Mer », allèrent voir à l'église Saint-Honorat où on les avait déposées. Au retour des Aliscamps, nous rapporte Jean de Pôdio qui nQus a conservé ces détails, elles passèrent par les

1. Arch, de Tarascon, BB 12, f. 853, délib. du 16 janvier 1616.
2. Un accident se produisit à Beaucaire à cette occasion. Un e pouvre homme » fut blessé à la cuisse « d'ung tap de l'une des pièces » et voulut se faire payer une indemnité par le nommé Bonel, chargé de faire tirer l'artillerie (Arch, de Tarascon, BB 4, délib. du 17 janvier 1516). " ,. i
3. Arch. d'Arles, Délib., BB 8, f«- 58-59.
4. Arch. d'Arles, ibid., f° 59 v°.
5. Arch. d'Arles, CC 267, f» 93.
6. Archives d'Arles, Délib., BB 8, f° 68 v».
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Arènes et jtraversèrent les ruines du théâtre romain où seulement, alors comme aujourd'hui, eu face des gradins^à demi détruits, les deux colonnes restées debout1.

Le samedi matin, 29 décembre, les reines quittèrent Arles par la ro%te de. Salon où elles passèrent la nuit du 29 au 30. Elles logèrent au château que Jean Ferrier^ archevêque d'Arles, avait fait richetfrent décorer pour les recevoir 2. Le lendemain, elles arrivèrent â Aix. Le chapitre de avait, quelques semaines auparavant, décidé de leur offrir du pain pour leur heureuse venue3. Mais elles ne firent pas un long séjour dans la ville, car elles avaient hâte au but de leur pèlerinage, à la Sainte-Baume4.

Le tombeau de Marie-Madeleine attirait en foule les foules Les princes de la Maison d'Anjou, le roi René avaient eu à la Sainte -Baume une dévotion qui s'était traduite par la concession de privilèges aux religieux qui veillaient sur ces reliques. Louis XII était resté dans les mêmes sentiments, et l'un des premiers actes de François Ier à son avènement avait été de confirmer les pri-

1. Protocole de Jean de Podio, publié dans le Musée, Revue fascicule 5, p. 16; cité par L% Jacquemin, Monographie de l'am-^phithéâtre d'Arles, II, 307 et sqq.
2. L. (Jjmon, Ghronique de la ville de Salon (Aix, 1882), pp. 164-165. L'auteur fait par erreur partir les princesses pour Aix le 1er janvier; c'est le 30 décembre qu'il faut Kre.
3. Reéueil de notes et recherches historiques sur Aix, Bibl. Méjanes, vol. 1012-1014, tome ?, 426-427. Le mss. donne la date du 15 novembre; c'est sans doute celle où la décision a été prise. Datées d'Aix, le 30 1515, on a des lettres de la Régente en faveur de Fouquet Olivier» citoyen d'Arles. (Arch, des B.-du-Eh., B'26, f. 109-110 v»; Catal. des Actes, n» 23363.)
4. Au sortir d'Aix, la route traversait ????, laissait à main gauche Perrières [Pourrières (?)J, et par « Porcieulx » [PourcieuxJ, arrivait à Saint-Maximin : « Voy le chef de la Magdeleine, descends en la fondrière, puis rem<fhte la Basme, lieu fortvhaut en rocher, où trouveras une abbaye dé moines blancs... où la Magdeleine faisoit sa pénitence. Au-dessus de la montaigne est la chapelle du Sainct- Pilon ; et au-dessous, vers la mer, y a une roche de pierre jaulne qui tire la paille comme l'ambre. » (La Suite de la Guide des chemins, imprimée à Lyon en 1583 par Benoist Rigaud à la suite de la Guide des^chemins pour aller et venir par tout le royaume de France. Exemplaire, croyons-nous, unique, gracieu&f ment p»ar M. Baudrier.)
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vilèges que les religieux tenaient de ses prédécesseurs. La visité des reines, seules d'abord, bientôt après en la du Roi, était une nouvelle marque de la profonde qui entourait le sanctuaire provençal. Le 31 décembre, Louise de SaTvoie et Claude de France étaient à Saint-Maximin1. L'église était encore en pleine construction, sous l'énergique impulsion de Damien, prieur de la Sainte-Bâume. La venue des souveraines ??? pouvait que favoriser ces travaux pour lesquels, comme nous le elles laissèrent, ainsi que le roi de France et' quelquesuns de ses conseillers, des sommes assez importantes. La reine Claude en particulier accorda une donation de 200 livres tournois par an, pendant dix ans, pour l'achèvement de Le lendemain, elle monta à la Sainte-Baume. En de la visite royale, on avait réparé les routes qui y La reine Claude se montra aussi libérale pour le sanctuaire de la Madeleine que pour l'église de Saint-Maximin : elle donna de quoi reconstruire le couvent et le portail de l'église, pour laquelle elle promit, en outre, différents ornements. Après avoir demeuré deux jours à la Sainte-Baume, les souveraines, par la vallée de l'Huveaune et la route d'Aubagne, se dirigèrent sur Marseille.

1. Registre-du Père Damien, publié par l'abbé Albanès, dans la Revue dés Sociétés savantes des départements, 7e série, II, 211 et sqq. Cf. abbé Albanès, Histoire du.couvent royal de Saint-Maximin, 235.
2. Registre du Père Damien, loc. cit. Louise de Savoie témoigna aussi de sa bienveillance à l'égard des habitants de Saint-Maximin en

les feux de ce bourg de quarante-six à vingt-six, par lettres datées de la Sainte-Baume le 2 janvier 1515 [1516], confirmées par lettres du Roi, à Saint-Maximin, le 21 janvier suivant. (Arch, des B.-du-Rh., ? 25, t. 328 ve-329, 331. "Catalogue des Actes, n°« 399, 404.

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M. de Beaumont, on acheta force taffetas, drap de soie et de laine, « satin de Bourges » pour faire les « sarraus et hocquetons » dont on habilla ceux qui, furent chargés d'aller audevant des souverains, de les escorter et d'exécuter devant eux; les jeux imaginés en leur honneur [1]. François Ier entra dans "Arles le 31 janvier2 parmi les sonneries de trompettes; il assista à diverses réjouissances, danses et spectacles, « maurisqûes et maulmariees [mômeries] et autres jeux [3] » dont les Artésiens le régalèrent, et par les rues tendues alla loger chez M. d'Arlatan. Il demeura en Arles la journée du 1er février, un vendredi ; ainsi s'explique l'achat de poisson fait par le conseil pour le Roi et les reines [4]. Nous avons déjà vu qu'à leur premier passage par Arles les reines vaient été gratifiées d'images d'or ; le conseil, voulant en user a de même avec le Roi, lui fit cadeau d'un cerf qui fut acheté 10 florins [5].

D'Arles [6], François Ier se rendit à Tarascon. Depuis plus de quinze jours, le conseil avait pris ses dispositions en vue de cette réception. Le 17 janvier [7], il fixa l'itinéraire : on irait audevant du Roi jusqu'au pont de Lanzac, à 4 kilomètres de la ville, sur la route d'Arles; puis, au lieu d'entrer par la porte de Saint-Jean, on ferait un détour pour atteindre la porte Condamine â l'est, au point où aboutissait la route

1. Arch. d'Arles, CG 266, f° 196 v*. Réparation du chemin depuis le pont de Cratt jusqu'aux moulins de Mouleyrès, 10 florins; CC 268,

f» 50 v», pour tendre et détendre les rues, 1 florin; CC 266, f» 231, id.,( 2 florins ; CC 267, f» 77 v, 80, 81. 95, 98, 99 v, 100, 105, 105 v», 111, 113, 206; CC 268, f> 54 v\ 60, 65, 76 v», frais de réparation à la maison de M. de Beaumont ; CC 268, f° 68, achat de 100 « torches de baston », 6 ; CC 267, f" 119 v°, drap de soie, 209 florins ; cf. Délib., BB 8, f" 62 ; CC 2^6, fe 187 v», 130 pans « de satin de Bourges », 59 florins, 7 gros; CC 226, f» 232 V, frais de confection, 16 florins, etc.

2. Protocole du notaire Jean d'Augières, L. Jacquemin, op. cit., p. 309.
3. Arch. d'Arles, Délib., BB 8, f" 62.
4. Arch. d'Arles, CC 266, f" 175, 17 florins, 6 gros; f» 178, 11 florins, 3 gros. , ,
5. Arch. d'Arles, CC 266t f» 172 v.
6. Le manusérit de Valbelle, f» 60 v°, dit que le roi demeura trois jour» à Arles ; le départ eut donc lietf le 2 février.
7. Arch, de Xarascdh, Délib., BB 12, f« 374,
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d'Avignon. De la porte Condamine, le Roi serait conduit d'abord à l'église Sainte-Marthe, puis à sa demeure en suivant les rues les plus spacieuses, tendues de tapisseries qu'une commission de deux membres, Etienne Bernardi et Pierre Abelhe, fut chargée de se procurer à Avignon ou ailleurs. Les chemins où devait s'engager le cortège royal, détériorés par les pluies, furent empierrés; on choisit aussi un membre du conseil, René Hardoyn, sieur de la Motte, pour composer quelques jeux scéniques (alignas istorias) qui seraient représentés lorsque le roi traverserait la rue Condamine [1]. Enfin, on s'occupa de pourvoir aux vivres; deux conseillers reçurent commission de se rendre chez les particuliers pour goûter leur vin clairet et en rassembler une quantité suffisante pour le Roi et sa suite [2]. Une somme de 100 écus fut empruntée pour pourvoir aux premières dépenses [3].

Ce programme dut s'exécuter de point en point. Lorsque François Ier entra dans la ville, probablement le 2 février, il fut salué par des salves de «boîtes » qu'on avait disposées près de la porte Condamine [4]. Nous n'avons pas d'autres détails sur cette entrée, et cela est particulièrement fâcheux en ce qui concerne les « histoires » représentées devant le roi. Nous ignorons quels en étaient les sujets. L'abbé Faillon suppose que c'étaient « des traits de l'histoire sainte et des sujets de morale [5]. » Il est possible que la légende de sainte Marthe ait fourni le thème de ces représentations, comme on avait fait à Marseille de la vie de saint Louis d'Aragon. Le lendemain, le Roi se rendit en pèlerinage au tombeau de sainte Marthe. La

1. Arch, de Tarascon, Délib., BB 12, f° 374; 18 janvier.
2. Arch, de Tarascon, Délib., BB 12, f° 375; 25 jan,vi«r.
3. Arch, de Tarascon, Délib., BB 12, f? 375'; 27 janvier. Cette somme fut empruntée à un marchand de Tarascon, François de Valence. (BB 13, f» 356.) Elle fut loin d'être suffisante, car le 8 février le conseil approuva un premier compte de dépenses qui s'élevait à plus du double, 780 florins
2 gros et demi ; d'autres dépenses faites par les gens du Roi, les frais de location des .tentures (35 gros) furent réglés postérieurement, 18 et 24 (BB 13, f« 358 v», 359 v.) i
4. Arch, de Tarascon, Délib., BB 12, f» 374; Ï7 janvier.
5., Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie- Madeleine en Provence, I, 1255.
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visite royale fut commémorée par une inscription dont voici le texte [1] :

ANNO AB INCARNATO DOMINO M. D. XV.
DIE III FEBRVARII FRANCISCVS FRANCO
RVM REX DVCATV MEDIOLAN. ARMIS
OCCVPATO SEPVLCRVM BEATjE MARTHJ2
VICTOR ADIIT COMITANTIBVS PRINCIPIBVS
PROCERIBVSQVE REGNI *.

Le même jour, François Ier reçut une nouvelle de très grande importance [3] : la mort du roi d'Espagne, Ferdinand le Catholique, survenue le 23 janvier précédent. Dès qu'il fut assuré de la vérité du fait, le lendemain, il écrivit à M. de La Fayette pour l'en avertir, ainsi que le président de Bapaume,

1. Cette inscription est donnée dans les Monumens de l'église de Sainte Marthe à Tarascon (Tarascon, 1835, sans nom d'auteur, mais par l'abbé Faillon), p. 56. Mais ni les frères Platter, ni Goelnitz, qui ont visité Tarascon et écrit, les premiers, au XVIe siècle, le second vers 1632, ne la mentionnent. Il est probable qu'elle a été composée et gravée à l'occasion du voyage de Louis XIV, en janvier 1660, « après les travaux considérables effectués dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et qui tendirent à faire communiquer la crypte de Sainte Marthe avec l'église supérieure par l'escalier que l'on voit encore de nos jours. » (Note de M. Mourret.)
- L'abbé Faillon, dans l'ouvrage ci-dessus, fait par erreur entrer le Roi par la porte Madame.
2. Si l'on ren croit l'abbé Faillon, François Ier et sa sœur allèrent rendre visite à l'abbesse du monastère Saint-Honorat (data) de Tarascon. « C'était Claudine de Bectos, connue sous le nom de Scholastique et en grande réputation de savoir parmi les gens de lettres du temps. Les religieuses de ce monastère avaient toujours cultivé les sciences et les langues, et, sous le règne même de François Ier, si fécond en beaux esprits et en littérateurs de tous lés genres, elles excitaient par leurs productions l'émulation des savans. Il nous reste de Claudine de Bectos plusieurs ouvrages français et italiens en vers et en prose. François Ier était en commerce de lettres avec elle ; il portait, dit-on, sur lui celles de l'abbesse et se plaisait à les montrer aux dames de sa cour comme des modèles. » (Monumens de l'église de Sainte-Marthe, p. 56.)
3. Journal de Louise de Savoie, loc. cit.; Journal de Jean Barrillon» - éd. cit., 1, 194. Ferdinand le Catholique décéda près de Madrid, à Madrid galet. Përizonius (Leyde, 1710, p. 73) donna de cette mort la cause suivante ; « Sequenti anno expiravit tandem Hispaniarum Rex, culpa uxoris, quse desiderio prolis, inprimis masculse, quam ille non habebat, medicamen-? tum ei dederat quod ad juvandam generationem credebat idoneum, sed quod in hydropem vertit eumque e vivis sustulit. »

ambassadeur de France en Angleterre : « Au demourant, ajoutait-il, je vous prie que donnez ordre que nuls couriers ne passent par vostres quartier pour aller en lieu qu'il soit sans estre arrestes s'ils n'ont lettres de moy, et que les lettres qu'ils porteront me soient envoyées incontinant1,.. » La mort de Ferdinand et l'ouverture de la succession espagnole soûle-, vaient deux graves questions : d'abord celle de Ja Navarre, qu'on pouvait espérer voir reprise par ses anciens maîtres,. Jean d'Albret et Catherine de Foix. François Ier se hâta de leur écrire pour leur promettre son concours : « Mon cousin, l'eure et le temps est venu qu'il vous fault faire extrêmement dilligence pour le recouvrement de vostre royaulme et de ma part vous y veult ayder en tout ce'qu'il me sera possible2... » Plus importante encore était l'autre question, celle de Naples. Louis XII avait abandonné ses prétentions au royaume de Naples en faveur de sa nièce , Germaine de Foix , seconde femme de Ferdinand, à condition qu'elle eût des enfants de ce mariage. Cette condition n'ayant pas été réalisée, François Ier, dès la nouvelle de la mort, songea à revendiquer les droits de celui qu'il remplaçait sur le trône. En même temps qu'il rechercher les pièces sur quoi appuyer ses prétentions3, il s'empressa d'écrire au pape pour lui rappeler la promesse que ce dernier lui avait faite à ce sujet lors de l'entrevue de Bologne,, Il requit aussi Laurent de Médicis de tenir la main à ce que Léon X se déclarât le plus tôt possible. Pour aller

1. Le, roi â M. de La Fayette, « de Tarrascon, ce mi* jour de février ». (Bibl. Nat., f. fr. 3057, f» 29.)
2. François I« au roi de Navarre, « de Tarrascon , ce irae de février ». (Doc. inéd. sur l'histoire de France, Mélanges, p. p. Champollion-Figeac, III, 569. La Régente, comme son fils, s'intéressait beaucoup à la maison d'Albret. Pour faciliter le recouvrement de la Navarre, elle avait conçu le projet de marier une des filles de Jean d'Albret à un membre de la famille des Médicis. C'est dans ce but qu'elle avait, écrit de Marseille, le 6 janvier, une lettre au roi de Navarre pour le prier d'envoyer sa femme et ses filles à l^yon, où elles pourraient avoir une .entrevue avec les neveux de Léon X. Cette négociation, qui paraît avoir été\ entreprise, échoua. Cf. Doc. inéd., Mélanges, III, 402-403; Négociations delà France avec la Toscane, II, 760-761, 77i; et P. Boissonnade, Histoire de la réunion de la Navarre # la Castille, 448,
3. Journal de Barrillon, 1, 195.
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plus vite et plus sûrement en besogne, il voulut se concilier le concours de Prospero Colonna, son prisonnier depuis en ce moment à Lyon. « De ma part, ajoutait-il, je tiendray le royaume de Sa Sainteté et je accompliray ce que je luy ay promis1. » Cette question de Naples allait être le principe des négociations laborieuses qui se avec l'héritier de Ferdinand, Charles d'Autriche, le futur Charles -Quint, jusqu'au mois d'août suivant, où elles aboutirent au traité de Noyon. Mais en attendant d'être assuré des dispositions pacifiques de ce prince, François Ier, pour ne pas se laisser prendre au dépourvu, préparait le triomphe de l'influence française dans la péninsule. Ce fut l'objet des qui s'engagèrent aussitôt avec les représentants des différentes puissances italiennes et qui marquèrent les étapes du retour par la vallée du Rhône vers Lyon [2].

En quittant Tarascon [3[, François Ier gagna Avignon, où il arriva « tout de nuict », nous rapporte une chronique manuscrite de la ville, qui nous a conservé quelques détails sur cette entrée [4]; Le Roi fut reçu par le cardinal de Clermont, légat du pape [5], et les consuls Dominique Anselme, Jean

1. «. Desjardins, Négociations de la France avec la Toscane, II, 764.
2. Les consuls de Beaucaire, à la nouvelle que François Ier allait venir à Tarascon, avaient, dès le 16 janvier, pris des dispositions pour le cas où le Roi voudrait passer le Rhône et venir dans leur ville. Ils désiraient obtenir de lui <i le don de la blancque » (droit sur le sel), ainsi que l'ampliation du don * tant du droict de socquet que du fournyment du grenier à sel, pour aultre temps oultre celluy qui n'est encores escheu, et aussi avoir et obtenir aultres provisions et dons telz que bon semblera avoir et obtenir dudit sire pour le proffict et utilité de la chose publicque dudit Beaucaire »; Naturellement, pour subvenir à ces dépenses, les consuls furent obligés d'emprunter en leur propre et privé nom et sous leur garantie personnelle. Le Roi ne s'arrêta pas à Beaucaire ; le délégué de la ville suivit la cour jusqu'au Pont-Saint-Esprit pour remplir la mission qui lui avait été confiée. (Arch, de Beaucaire, Dé lib., BB 4; 16, 17, 24 janvier, 14 février.)
3. Le 4 février. Voir un acte daté de ce jour, Catalogue des Actes,
4. Arch, de Vaucluse, E, "titres de famille. Epitaphes de Cambis ; Epitaphiorum et inscriptionum collectio, f° 109. Ce document parait

avoir échappé à M. de Berluc-Perussis, François Ier à Avignon, dans les Mémoires de la Société scientifique et artistique d'Apt, 1869. r Le Journal de Louise, de Savoie, loc. cit., dit « à six heures après midi ».

5. Journal de Barrillon, éd. cit., I, 194,
p. 59

Biliotti et Pierre Montachon. Le Conseil , pour exécuter les préparatifs de la réception, avait été obligé d'emprunter 400 écus d'or à Balthazar de Pan, marchand catalan d'Avignon [1]. Après avoir franchi la Durance sur un pont de bois, François Ier entra dans Avignon par la porte Saint-Lazare, sous un dais, à la lumière des torches : « Les reynes estoiènt dans la littière et luy fust fait grand triomphe et histoires depuis la porte jusqu'au Puis des Bufs, et toutes les cloches sonnèrent en Avignon. Et lendemain fust faict grand feu de joye. » Le Roi et la cour demeurèrent en Avignon jusqu'à la fin de la semaine, au 9 février. Mais nous sommes mal renseignés sur les particularités de ce séjour, car les délibérations du conseil pour les années 1515 et 1516 font défaut. Sur deux points seulement, nous saisissons l'activité du Roi : il rendit un certain nombre d'ordonnances relatives aux affaires du royaume ou à des affaires locales*, et il prit les que nécessitait la situation créée par la mort , désormais officiellement confirmée, de Ferdinand le Catholique8. Devant les Italiens, il faisait étalage des sommes, un peu dont il pouvait disposer et des armées qu'il allait lever. Il se préoccupait surtout de trouver un arrangement avec Prospero Colonna afin de se concilier le pape, dont lui était essentiel, et de se procurer un chef habile en vue de la lutte qui se préparait. Pompeio Colonna, évêque de Rieti et frère de Prospère, s'entremit pour faire aboutir la A cette fin, après avoir eu, le 5 février, une avec le Roi, il partit le 6 en poste pour Lyon4. les affaires de l'État n'empêchèrent pas le Roi de prendre part aux réjouissances et mascarades des jours gras qui le Carême.

1. Arch, municip. d'Avignon, CC, mandat 57, cité par Rey, François P* et la ville d'Avignon, 1-U. (
2. Actes, datés d'Avignon du 5 au 9 février , Catalogue des Actes, t n« 415-418,; 16103-16104; 23384-23389."
3. Journal de Barrillon, I, 194.
4. Marino Sanuto, Diarii, XXI, 521-523. Desjardins, Négociations de la France avec la Toscane, II, 765 et sqq. Francesco Vettori à Laurent de Médicis ; Avignon, 5 février 1616 ; Vienne, 9 février.

References edit

  •   Baux, Émile; Bourrilly, Victor-Louis; Mabilly, Philippe (1904). "Le voyage des reines et de François 1er en Provence et dans la vallée du Rhône (décembre 1515-février 1516)". Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale. 16 (61): 31–64. doi:10.3406/anami.1904.3607.
  •   Cholakian, Patricia Francis; Cholakian, Rouben Charles (2006). Marguerite de Navarre: mother of the Renaissance. Columbia University Press. p. 49. ISBN 0231134126.
  •   Faillon, Étienne-Michel (1835). Monumens de l'église de Sainte-Marthe à Tarascon, département des Bouches-du-Rhône (in French). Tarascon: Élisée Aubanel, Imprimeur-libraire.
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