Présentation
M.Meziane est un architecte urbaniste qui entreprend des recherches sur les conditions et la façon de généraliser la notion d’espace, jusqu’alors utilisée de façon restreinte dans la seule géométrie, à chacune des autres disciplines créées et imaginées par l’humain. De par son métier, l’auteur avait noté que quoique les groupes d’individus exercent des disciplines différentes, ils se retrouvaient par l’effet de l’urbanisation, donc par les relations professionnelles qu’ils construisent et par les informations qu’ils échangent, dans une situation où non seulement ils percevaient les incidences réciproques qu’ont ces disciplines les unes sur les autres, mais ils les faisaient également progresser. Cette situation signifie que nous ne progressons pas par spécialité, c'est-à-dire par une espèce d’intelligence spécifique, mais par une faculté beaucoup plus large, qui porte, elle, sur le mouvement d’ensemble de nombreuses disciplines, donc sur l’évolution sociale elle-même. S’il devient désormais facile de préciser cette faculté comme étant une faculté de conceptualisation multi-spatiale, progressant par des concepts spatiaux multidimensionnels et si la spécialité ou le métier, constituent une simple dimension de cette faculté, il en résulte également que l’intelligence est plutôt sociale qu’individuelle. La réalité scientifique, sociale, économique, ne peut être perçue comme une réalité univalente ; elle est plutôt l’expression d’un continuum d’espaces adjacents ; elle est forcément réalité plurielle et multidimensionnelle.
Travail précédent
Parti de la relation évidente entre la nature multidimensionnelle du savoir en tant que continuum d'espaces, et la problématique des transitions éducatives et comportementales dans la théorie de la connaissance, Meziane en vint tout naturellement, à fournir une description plutôt mathématique du processus de l'éducation et celui de l'accumulation du savoir conceptuel. Parti d'une réflexion jusqu'alors triviale sur le rôle structurant de l'urbanisation dans la diffusion du savoir par regroupement, comme le ferait du reste tout système permettant de concentrer l'échange d'informations, il postula l'existence d'une faculté humaine, chargée de l'acquisition, de l'apprentissage et du développement d'un savoir de nature multidimensionnelle qu'il proposa de désigner par le vocable de "faculté de conceptualisation spatiale". Loin de se référer singulièrement à sa profession, le terme espace s'imposa à l’auteur en tant qu’expression de la nature multidimensionnelle de la réalité. La réalité est multidimensionnelle au sens où elle est construite sur une infinité d’espaces, et au sens où elle est l’expression d’une interdépendance de connaissances variées. Le droit, l’économie, la culture, la politique, les sciences, les techniques, l’éducation, la psychologie, la biologie etc... sont autant d’espaces produits par l’imaginaire humain et en constituent sa spécificité, et où chacun n’acquiert toute sa signification qu’en relation avec les autres espaces. A côté de l’espace géométrique, dont les propriétés par définition concrètes, forment la matrice qui nous est léguée par la nature, nous avons au cours de notre évolution, inventé un continuum d’espaces, cette fois-ci abstraits, au sens où leur métrique et leurs lois, correspondent peu ou pas à celles de la physique classique, maîtrisées du reste de façon intuitive par tous les vivants. Si son premier ouvrage porte le titre : "Un aperçu Moderne du Concept d'urbanisation" (1), l’auteur y traite plutôt de la nature multidimensionnelle de la manifestation de la réalité ; l’urbanisation n'y aura joué que le rôle d'une enseigne, d'une étiquette spatiale, d'une fenêtre d'entrée en matière. D'un côté, le caractère de plus en plus multi-dimensionnel de la réalité, signifie notre progression rationnelle, d'une vision absolue de l'univers, vers une vision à la fois plus générale et plus relative. D'un autre côté, l'urbanisation est à la fois le lieu et l'expression d'un mouvement intellectuel, marquant une évolution progressive de l'humanité dans la construction d'un ensemble d'espaces abstraits. Notre progression rationnelle se distingue essentiellement par le passage d'une rationalité absolue vers une rationalité symbolique.
Théories parallèles.
A travers cette première expérience, le travail de Meziane se rapproche de celui mené par Howard Gardner en 1985, sur l'intelligence multiple (2). Professeur de psychologie, comportementaliste et théoricien de l'éducation, Gardner énumère au moins sept manifestations possibles de l'intelligence humaine. L'intelligence n'est pas unique en termes absolus, comme le veut la théorie de Jean Piaget, défenseur du quotient intellectuel; elle est plutôt manifestations multiples dans différents domaines. Elle est celle du musicien, celle du danseur, celle du mathématicien et du logicien, celle de la représentation spatiale, celle de la psychologie intra-personnelle, celle de la psychologie extra-personnelle, et celle en relation avec l'aspect physique et esthétique. Si l'on décrit chacun de ces domaines comme un espace particulier, leur racine commune sera de nature spatiale et chacune des dimensions de l'intelligence multiple décrite par Gardner, sera une faculté de conceptualisation spatiale. Les deux théories se rejoignent sur au moins la notion de multi-dimensionnalité du savoir et donc sur celle de l'intelligence. (1)Mostafa Meziane: "Un Aperçu Moderne du Concept d'Urbanisation". Editions modernes par ordinateur. Agadir,1988. (2)Howard Gardner: "Frames of Mind; The Theory of Multiple Intelligence". Basicbooks. N.Y. 1985